BOUMAL, Louis (1890–1918) : "Lorsque tu recevras…" (1917)

Lorsque tu recevras des let­tres de l'absente
Et que tu souri­ras d'un air sim­ple­ment triste,
On dira que ton cœur s'accoutume à l'attente
Et que ton dés­espoir est un regret d'artiste.

Et lorsqu'on te ver­ra, selon ton habi­tude,
Assis dans l'herbe à lire au cœur d'un ancien livre,
On croira que tu tiens à la douceur de vivre
Et qu'un puis­sant orgueil peu­ple ta soli­tude.

Mais toi, ne réponds rien. Garde au fond de toi-même,
En ta fierté voulue et ta rancœur con­trainte,
Avec l'arrachement de la dernière étreinte,
La cen­dre d'un amour que chante ton poème.

 

Paru dans…

Écrits de guerre (1914–1918), (Archives & Musée de la lit­téra­ture, 2018)

 

Et dans wallonica.org…

 

PERIER, Odilon-Jean (1901–1928) : "Je t'offre un verre d'eau glacée" (1925)

Je t’offre un verre d’eau glacée
N’y touche pas dis­traite­ment
Il est le prix d’une pen­sée
Sans orne­ment

Tous les plaisirs de l’amitié
Com­bi­en cette eau me désaltère
Je t’en pro­pose une moitié
La plus légère

Regarde je suis pur et vide
Comme le verre où tu as bu
Il ne fait pas d’être limpi­de
Une ver­tu

Plus d’eau mais la lumière sage
Donne à mon présent tout son prix
Tel, un poète où Dieu s’engage
Et reste pris

Paru dans…
Poèmes, Espace Nord, 2005