BARBARA (Monique Andrée SERF dite -, 1930–1997) : "Mon enfance" (1968)

J'ai eu tort, je suis rev­enue
dans cette ville au loin per­due
où j'avais passé mon enfance.
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir
le coteau où glis­saient le soir
bleu et gris ombres de silence.
Et j’ai retrou­vé comme avant,
longtemps après,
le coteau, l'arbre se dres­sant,
comme au passé.

J'ai marché les tem­pes brûlantes,
croy­ant étouf­fer sous mes pas,
les voies du passé qui nous hantent
et revi­en­nent son­ner le glas.
Et je me suis couchée sous l'arbre
et c'était les mêmes odeurs
et j'ai lais­sé couler mes pleurs,
mes pleurs.

J'ai mis mon dos nu à l'écorce,
l'arbre m'a redonné des forces,
tout comme au temps de mon enfance.
Et longtemps j'ai fer­mé les yeux,
je crois que j'ai prié un peu,
je retrou­vais mon inno­cence.
Avant que le soir ne se pose,
j'ai voulu voir
la mai­son fleurie sous les ros­es,
J'ai voulu voir,

Le jardin où nos cris d'enfants
jail­lis­saient comme source claire.
Jean-Claude et Régine et puis Jean,
tout rede­ve­nait comme hier.
Le par­fum lourd des sauges rouges,
les dahlias fauves dans l'allée,
le puits, tout, j'ai tout retrou­vé,
hélas.

La guerre nous avait jeté là,
d'autres furent moins heureux je crois,
au temps joli de leur enfance.
La guerre nous avait jeté là,
nous viv­ions comme hors la loi,
et j'aimais cela quand j'y pense.

Oh mes print­emps, oh mes soleils,
oh mes folles années per­dues,
oh mes quinze ans, oh mes mer­veilles,
que j'ai mal d'être rev­enue.
Oh les noix fraîch­es de sep­tem­bre
et l'odeur des mûres écrasées,
c'est fou, tout, j'ai tout retrou­vé,
hélas.

Il ne faut jamais revenir
aux temps cachés des sou­venirs
du temps béni de son enfance.
Car par­mi tous les sou­venirs
ceux de l'enfance sont les pires,
ceux de l'enfance nous déchirent.

Oh ma très chérie, oh ma mère,
ou êtes-vous donc aujourd'hui ?
Vous dormez au chaud de la terre
et moi je suis venue ici
pour y retrou­ver votre rire,
vos colères et votre jeunesse,
et je reste seule avec ma détresse,
hélas.

Pourquoi suis-je donc rev­enue
et seule au détour de ces rues
j'ai froid, j'ai peur, le soir se penche.
Pourquoi suis-je venue ici,
où mon passé me cru­ci­fie,
où dort à jamais mon enfance ?

Extrait de…
Disque Le soleil noir (1968)

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Infos qual­ité…
Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : disque Le soleil noir (1968) | con­tribu­teur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © news24.com.


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