SHAKESPEARE, William (1564–1616) : "Lorsque, en disgrâce auprès de la…" (1609)

Lorsque, en dis­grâce auprès de la for­tune et des hommes,
je pleure tout seul sur ma des­tinée pro­scrite ;
lorsque, trou­blant le ciel sourd de mes cris stériles,
je me regarde et maud­is mon sort ;
Quand, jaloux d'un autre plus riche d'espérance,
je lui envie ses traits et les amis qui l'entourent,
me souhai­tant le tal­ent de celui-ci et la puis­sance de celui-là,
sat­is­fait le moins de ce dont je suis le plus doué ;
Si, au milieu de ces pen­sées où je vais me mépris­er moi-même,
je pense par hasard à toi ; – alors,
comme l'alouette s'envolant au lever du jour de la som­bre terre,
ma vie chante un hymne à la porte du ciel.
  Car le sou­venir de ton doux amour m'apporte une telle richesse
  que je dédaign­erais de chang­er avec les rois.

When, in dis­grace with for­tune and men's eyes,
I all alone beweep my out­cast state
And trou­ble deaf heav­en with my boot­less cries
And look upon myself and curse my fate,
Wish­ing me like to one more rich in hope,
Fea­tured like him, like him with friends possess'd,
Desir­ing this man's art and that man's scope,
With what I most enjoy con­tent­ed least;
Yet in these thoughts myself almost despis­ing,
Hap­ly I think on thee, and then my state,
Like to the lark at break of day aris­ing
From sullen earth, sings hymns at heaven's gate;
  For thy sweet love remember'd such wealth brings
  That then I scorn to change my state with kings.

Paru dans…
Son­nets (1609)

Infos qual­ité…
Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : lieder.net | tra­duc­teur : François-Vic­tor Hugo (1828–1873) | con­tribu­teur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © New-York Times.