NERUDA, Pablo (1904–1973) : "Je ne t’aime pas comme rose de sel, ni topaze…" (1959)

Je ne t’aime pas comme rose de sel, ni topaze
Ni comme flèche d’oeillets propageant le feu :
Je t’aime comme l’on aime cer­taines choses obscures,
De façon secrète, entre l’ombre et l’âme.

Je t’aime comme la plante qui ne fleu­rit pas
Et porte en soi, cachée, la lumière de ces fleurs,
Et grâce à ton amour dans mon corps vit l’arôme
Obscur et con­cen­tré mon­tant de la terre.

Je t’aime sans savoir com­ment, ni quand, ni d’où,
Je t’aime directe­ment sans prob­lèmes ni orgueil :
Je t’aime ain­si car je ne sais aimer autrement,

Si ce n’est de cette façon sans être ni toi ni moi,
Aus­si près que ta main sur ma poitrine est la mienne,
Aus­si près que tes yeux se fer­ment sur mon rêve.

Extrait de…
La cen­taine d'amour (1959)

Et dans wallonica.org…

Infos qual­ité…
Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : recueil La cen­taine d’Amour (1959)  | con­tribu­teur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © La Razón.