A l'ombre du drapeau
L'ombre du drapeau tricolore
Dans ce grand siècle fit éclore
Toutes les fleurs et tous les fruits :
L'Art, la Science et l'industrie
Ont mis au front de la Patrie
Leur Guirlande jamais flétrie,
OEuvre des jours, oeuvre des nuits.
Obstinément penchés sur leurs sables revêches,
Raidissant tout l'effort de leurs bras musculeux,
Les Flandriens têtus poussent profond leurs bêches
Autour des hauts moulins dressés sous les ciels bleus.
L'Ardenne défend mal sa cuirasse de schiste
Qu'entament le labeur savant et le progrès,
La science dissout l'obstacle qui résiste,
Et la cognée abat la toison des forêts.
0 Campine ! tristesse auguste de la lande !
Rêve de la bruyère où rit le feu follet !
Pour vous insérer mieux dans la vaste Guirlande,
Hélas ! Dumont noircit l'horizon violet.
Le Condroz, la Hesbaye ont leurs plaines immenses
Où l'éclair de la faulx zèbre l'or des moissons,
Où le semeur qui songe en jetant ses semences
Ecoute bruire au loin la vie et ses chansons.
Probes travailleurs de la terre,
Poursuivez votre tâche austère
Qui fait du pain pour nos enfants :
L'ombre du drapeau tricolore,
A chaque soir, à chaque aurore,
Protège de sa gloire encore
Le labeur de la paix des champs.
Il faut que l'idéal se fiance à la force :
L'honneur de l'opulence est de monter plus haut,
Il faut oeuvrer du poing, et du bras, et du torse,
Mais il faut ce blason : le labeur du cerveau.
L'oeil du savant sonde la vie et ses mystères,
Le chercheur haletant veut hâter le progrès,
L'astronome poursuit dans leurs orbes les sphères,
Et le penseur poursuit ses problèmes abstraits.
Voici les écrivains, les tribuns, les poètes,
Qui sont rois au pays du verbe triomphant.
Et voici les semeurs qui se font d'humbles fêtes
D'ensemencer le coeur du peuple et de l'enfant.
Pour achever enfin la Guirlande splendide
Qui te fait, ô Patrie ! un renom exalté,
Toutes les voix de l'Art, hymne large ou candide,
Autour des trois grands rois chantent dans la beauté.
C'est une âme qui chante et qui vibre ;
L'âme d'un petit peuple libre
Vengé de ses malheurs lointains,
Et tandis qu'un chancre dévore
Plus d'un géant au nom sonore,
L'ombre du drapeau tricolore
Abrite la vigueur de nos jeunes destins.
MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le centenaire. Carlsbourg, Édition de la revue belge de pédagogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, couverture rempliée. Avec les illustrations du F. Mabin-Joseph.
"F." signifie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chrétiennes (au Congo depuis 1910) comptait en leur rang le frère Mélage, premier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canonisé par l'église catholique (30 janvier).
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Infos qualité…
Statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | contributeur : Patrick Thonart.
Dans ce recueil :
- MELAGE (00) : L’âme belge, Poèmes pour le centenaire (recueil, 1930)
- MELAGE (01) : "L'aube sanglante" (1930)
- MELAGE (02) : "La pacifique conquête" (1930)
- MELAGE (03) : "Les Croisés" (1930)
- MELAGE (04) : "Jacques van Artevelde" (1930)
- MELAGE (05) : "La cloche du beffroi" (1930)
- MELAGE (06) : "Les Primitifs" (1930)
- MELAGE (07) : "Les Gueux" (1930)
- MELAGE (08) : "La science" (1930)
- MELAGE (09) : "La Vendée belge" (1930)
- MELAGE (10) : "1830" (1930)
- MELAGE (11) : "A l'ombre du drapeau" (1930)
- MELAGE (12) : "Ceux qui sont morts" (1930)