WOUTERS, Liliane (1930–2016) : "La fille d'Amsterdam" (1983)


Elle avait dit : « En Ams­ter­dam
nous ne vivrons qu'une aven­ture,
Je n'y lais­serai pas mon âme.
Amour tou­jours jamais ne dure. »

Hélas ! Je ne la croy­ais pas.
Sous les pignons à cols, à cloches,
quand se mêlaient nos mains, nos pas,
quand j'espérais, dur comme roche.

L'eau verte suiv­ant son chemin
aurait dû me dire : « Tout passe. »
Mais je ne sen­tais que sa main
ser­rant la mienne dans l'impasse.

Ams­ter­dam suait ses bor­dels
et ses putains aux cuiss­es fortes
tan­dis que je mar­chais près d'elle
sans présager nos amours mortes.

Peine plus dure que le dam
et sel des larmes que je pleure,
pour cette fille d'Amsterdam
que ne don­nerais-je à cette heure ?

Les cloches de Saint-Nico­las,
le quai aux plantes les dix mille
pilo­tis de la gare et la
riv­ière Ams­tel, avec ses îles.

C'était un jour du mois de mai.
Elle me dis­ait : « Rien ne dure. »
Moi je pen­sais que je l'aimais
beau­coup trop pour une aven­ture.

Paru dans…
recueil L'aloès (Luneau Ascot, 1983)

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Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : recueil L'aloès (1983) | con­tribu­teur : Karel Logist

PIROTTE, Jean-Claude (1939–2014) : "Je ne parlerai qu'à voix basse" (2004)

je ne par­lerai qu'à voix basse
à mes fan­tômes fam­i­liers
et de nos pas dans les allées
incer­taines du vieux vieux temps
nul ne pour­ra suiv­re la trace

les reflets au bord des étangs
de nos mis­érables car­cass­es
s'évanouissent comme passent
les frêles amours les nuées

les étin­celles de la grâce
je ne par­lerai qu'à voix basse
et le cœur à peine bat­tant
à mes ombres dépos­sédées
par le mirage des années
incer­taines du vieux vieux temps

Paru dans…
recueil La boîte à musique (2004)

Infos qual­ité…
Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : recueil La boîte à musique (2004) | con­tribu­teur : Karel Logist | crédits illus­tra­tions : © AFP

ORBAN, Joseph (1957–2014) : "Ce sont les derniers trains…" (1989)

Ce sont les derniers trains,
ce sont les dernières pluies.
Déjà tout dis­paraît.
Une dernière fois,
je ferme la fenêtre.
La cham­bre n’a plus d’odeur et
j’ai éteint le feu.
Je deviens l’invisible,
le bleu sur fond de ciel.
Rester.
Par­tir.
Ni s’incruster.
Ni fuir.

Paru dans…
L’invisible, le bleu (1989)

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Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : L’invisible, le bleu (1989) | con­tribu­teur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © Max Carnevale – emulation-liege.be.

MAQUET, Albert (1922–2009) : "Lu" (1947)

I m’a tro­vé l’ôte djoû tot seû avou mès ponnes.
I m’a loukî doûcemint èt s’a‑st-achou d’lé mi.
Adon n’s‑avans foumî tote nosse toûbac’ èssone,
mins nins pus’ onk qui l’ôte nos n’avans måy moti.

Poqwè, vî camaråde, èstez‑v’ dèd­ja èvôye ?
Èt mi, poqwè fåt‑i qu’ dji v’s‑åye lèyî ‘nn’aler ?
Asteûre qui vo-v-rila co ‘ne fèye so tchamp so vôye,
dji n’sé nin çou qui m’ dit qui dj’ vin dè piède mi fré.

Paru dans…
Djeû d’apèles. Jeux d’appeaux. Poèmes en wal­lon lié­geois avec tra­duc­tion française en regard (Ougrée, chez l’auteur, 1947)

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Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | source : Djeû d’apèles. Jeux d’appeaux. Poèmes en wal­lon lié­geois avec tra­duc­tion française en regard (Ougrée, chez l’auteur, 1947) | con­tribu­teur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © DR.