THONART, Patrick (né en 1961) : "Tu as jeté sur moi…" (2014)

THONART, Patrick (né en 1961) : "L’Ours titube dans la Forêt…" (2014)

L’Ours titube dans la Forêt
Il a les yeux brûlés
Il marche dos à la clair­ière
Où il l’a vue pass­er

Poil momi­fié et ven­tre sec
Elle s’agitait ivre et malade
De ces baies noires
Trop fer­men­tées

Le cœur à sang il a hurlé
Gueule au zénith il a pleuré
Et chaque larme était une loupe
Que le Soleil a transper­cée

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © Domaine pub­lic.

THONART, Patrick (né en 1961) : "L’Ours lève la truffe…" (2014)

L’ours lève la truffe
Au vent du matin inqui­et

Il sort la langue
Aux odeurs du print­emps trompeur

L’hiver a fon­du comme sa douleur passée
Et la riv­ière gon­fle des neiges liq­uides
Comme son corps aujourd’hui pal­pite
Des sangs nou­veaux et de l’appel d’amour

Ce matin la renarde a frôlé
De sa gorge dard­ée d’aubépine
Son dru pelage tout encore embrumé
Pour que son cœur retrou­ve racine

Pour­tant…

Pour­tant l’ours hume le vide
Dans sa cav­erne, les murs sont éraflés
De ses pattes trop lour­des – lour­des
De son ven­tre qu’il ne peut laiss­er chanter

Pour­tant l’ours craint le vide
Dans sa clair­ière, les pier­res sont dénudées
Du soleil gris qui les a raclées
Du regard vide des isolés

Pour­tant l’ours com­bat le vide
Dans sa forêt, les troncs l’attendent
Et leurs fûts droits mon­trent le sens
De la vie droite vers quoi ils ten­dent

Mais…

Le print­emps a men­ti :
Il n’était pas tout l’été

Alors, mon Amour,
Je mar­que le pas
Et j’attends le tien
Pour m’apaiser dans ton sein

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © Qui avance de print­emps en tout temps vif (1982) © Chris­t­ian Dotremont – Karel Appel – MRBAB.

THONART, Patrick (né en 1961) : "Le matin du Bon Jour…" (2014)

Le matin du Bon Jour
Il n’y aura plus rien
Rien que l’ours au soleil
Sur le dos
Et elle
En ten­dre char­rue
Qui creuse le creux de son flanc

Il y aura le pain chaud des peaux cuites
La can­nelle au nez
et
Le miel au ven­tre

Le matin du Bon Jour
Seuls les oiseaux
Racon­teront le monde

Le matin du Bon Jour
C’est le lent demain du Soir
Où elle posera sa valise
En souri­ant

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © Pierre Alechin­sky, Soleil (1950).

THONART, Patrick (né en 1961) : "Pleurs" (2014)

De tout ce qui me sera demain
Je ne demande qu’un sein
A ma joue for­mé
Et de mes larmes baigné

Et je… l’enfant… y pleur­erai
Et la femme qui le porte
Je pour­rai enfin
Comme un homme
L’aimer

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : DOTREMONT, Chris­t­ian : Ques­tion insidi­aire (1978) © MRBAB.

THONART, Patrick (né en 1961) : "L’œil de l’Homme est dans le lac…" (2014)

L’œil de l’Homme est dans le lac,
ses larmes sont lentes.
La Lune est sur le lac,
elle dit son attente.

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : Léon BONNAT, Le lac de Gérard­mer (1893) © Mudo à Beau­vais.

THONART, Patrick (né en 1961) : "Les armoires alignées…" (2014)

Les armoires alignées,
dans la pièce occultée,
sont toutes si bien fer­mées.
Pour­tant, à tra­vers cha­cune,
fil­tre un ray­on de Lune :
les ser­rures ver­rouil­lées
finis­sent toutes par rouiller.

Dans la colle d’une queue d’aronde,
pois­sent les crins d’une bête immonde.
Der­rière le bahut,
dépasse la corde d’un pen­du.
Dans ce tiroir sans fond,
grouil­lent des araignées sans nom.
Au lieu de l’huile dans la charnière,
coule le fiel d’une goule amère.
Sur le fau­teuil défon­cé,
ce n’est pas l’ombre de ta psy­ché
mais le reflet d’une âme damnée.
Et le bruisse­ment dans les plac­ards,
ce sont tes morts et les cafards.

Les armoires alignées,
dans la pièce occultée,
sont toutes si bien fer­mées.
Pour­tant, à tra­vers cha­cune,
fil­tre un ray­on de Lune :
les ser­rures ver­rouil­lées
finis­sent toutes par rouiller.

Il n’y a pas de Juge­ment dernier,
il n’y a jamais assez de clefs.
On se croirait dans du Kaf­ka
sauf que ton Procès… c’est toi.
Alors, à plein doigts,
touche ton émoi
(juste sous le cœur),
et vis enfin ta vraie peur :
plonge les mains dans le cof­fre noir
et sors la vieille boîte à musique,
celle que tu pre­nais
pour un Géant d’Afrique.

Les armoires alignées,
dans la pièce occultée,
sont toutes si bien fer­mées.
Pour­tant, à tra­vers cha­cune,
fil­tre un ray­on de Lune :
les ser­rures ver­rouil­lées
finis­sent toutes par rouiller…

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : © bob-wit.

THONART, Patrick (né en 1961) : "Bohémien sans répit…" (2014)

THONART, Patrick (né en 1961) : "La larme de l’Ours l’avait trahi…" (2014)

La larme de l’ours l’avait trahi.

Débor­dée de son œil rou­gi,
elle allumait sa joue

de la lueur du feu nour­ri.

Dans sa cav­erne, dans son abri,
l’Ours brûlait le sapin inutile,

et le vent avait com­pris
tout le cha­grin de son ami.
“Une escar­bille, sans doute”,
dis­ait Mar­tin un peu con­trit.

Et le vent avait con­té,
la belle Dame ren­con­trée ;
tous les fastes et les flam­beaux
à chaque fenêtre du château,

alors que Mar­tin mar­chait,
Mar­tin mar­chait dans sa forêt.

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : Pierre ALECHINSKY, Linolog I (1972)© MBAB.

THONART, Patrick (né en 1961) : "A la kermesse des notables…" (2014)

A la ker­messe des nota­bles,
Tout le monde se met à table.
Maître Héron au cou trop fin
Donne du jabot avec entrain.

Mais à la ker­messe des nan­tis,
Plus per­son­ne ne sourit
Et les regards sans vie
Se reflè­tent dans l’argenterie.

Maîtresse Renarde au cœur four­bu
Sent dans sa chair la vie per­due
De Cen­drillon qui pleure son dû
Au milieu des polkas de ven­trus.

Dans une clair­ière au ciel trop bas,
L’ours endeuil­lé fait les cent pas.
Dans une main du crêpe noir,
Dans l’autre, une fleur… Espoir

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : Hen­ri EVENEPOEL, La prom­e­nade du dimanche au Bois de Boulogne (1899) © La Bover­ie.

THONART, Patrick (né en 1961) : "Un jour viendra, couleur d’orange…" (2014)

Un jour vien­dra, couleur d’orange…

Appuyé con­tre son chêne
L’ours éteint sa pipe
Et ren­tre chang­er de slip
Lourde est son haleine
Et lourd est son pas

Si un jour ma Reine…
Non, il ne doit pas…

Chaque jour dans sa peine
L’ours à la riv­ière
Se rince les arrières
Souil­lés par la frousse
Qu’elle n’arrive pas

Si un jour ma Belle…
Non, il ne doit pas…

C’est mât de mis­aine
Quand le matin chante
Que l’ours joyeux bande
Et offre son ven­tre
Où elle peut s’asseoir

Si un jour ma Ten­dre…
Non, il ne doit pas…

Coudes sur le rocher
L’ours vise la trouée
Où l’herbe est couchée
Là elle est passée
Et elle l’a aimé

Si un jour ma Femelle…
Non, il ne doit pas…

Som­bre dans la cav­erne
L’ours racle son humeur
Une plaie au cœur
Cette airelle crevée
Qui ne se ferme pas

Si un jour mon Aimée…
Non, il ne doit pas…

Si,

Demain, dès l’aube
L’ours va pré­par­er
Chaque matin aux paupières sablées
Chaque moment où elle peut arriv­er
Chaque instant où il l’entendra
Chaque chant d’oiseau et sa joie
Chaque sourire qu’elle lui don­nera
Et tous les demains qu’il lui bâti­ra
De ses bras

Et l’ours fixe la clair­ière
En espoir d’amour
Qu’Elle œuvre tou­jours
A son Joyeux Retour

Chaque jour…

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THONART, Patrick (né en 1961) : "Quelque part dans la forêt…" (2011)

Quelque part dans la forêt,
Un ours se lèche une plaie,
Il s’est légère­ment blessé le flanc,
Sur un chemin qu’il con­nais­sait pour­tant.

Adossé au rocher, il sourit.

C’est au retour de l’amour,
Que, les yeux plein de son miel, à elle,
Il a lais­sé la branche mar­quer son ais­selle,
Pour tou­jours…

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : Dotremont – Alechin­sky © MRBAB.

THONART, Patrick (né en 1961) : "C’est la nuit, c’est le marbre…" (2011)

C’est la nuit, c’est le mar­bre,
L’homme gît près de son arbre,
Un sang pois­seux voile ses yeux.
Du pas­sage de la Géante,
Lui reste une plaie béante.
La main du cœur
Est arrachée…

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Statut : validé | mode d’édition : rédac­tion, édi­tion et icono­gra­phie | auteur : Patrick Thonart | crédits illus­tra­tions : STEICHEN Edward, Pas­toral Moon­light (1907) © Musée d'Orsay.

MELAGE (10) : "1830" (1930)

1830

Ô som­met lumineux et rouge de l'histoire,
Que la postérité, d'un geste osten­ta­toire,
   Mon­tre à la fierté des enfants !
Quand le peuple~martyr en eut gravi le faîte,
Libre de tous les jougs, ivre de sa con­quête,
Quel délire sans fin sous les cieux tri­om­phants !

   Mais, ô Lib­erté, vierge altière !
   Pour tiss­er ta sainte ban­nière,
   Com­bi­en de siè­cles dépen­sés !
   Com­bi­en d'opiniâtres batailles,
   Com­bi­en, hélas ! de funérailles
   Et de cadavres entassés !

Après l'Espagne, après l'Autriche, après la France,
Qui sont les noms hon­nis de ta longue souf­france
   Voici le nom le plus hon­ni :
Les fils des vieux Croisés devien­dront des Bataves,
Le pays de Calvin forg­era des entrav­es
Pour ce peu­ple qu'il hait et qui lui fut uni !

   Subir ce tyran minus­cule !
   Eh bien ! non, c'est trop ridicule !
   Le pays qui fut le berceau
   Des Gode­froid, des Charle­magne,
   Qui doit vain­cre un jour l"Allemagne,
   Ne peut pas subir le Nas­sau.

Nous étions à Poitiers, à Nicée, à Pavie,
Notre épée arbi­tra les des­tins de l'Asie,
   Nos lions et nos lion­ceaux
De leur griffe ont gravé ces noms : Cour­trai, Lépante,
Et leur postérité, pour trem­bler d'épouvante,
Attend d'autres domp­teurs que les pâles Nas­saux.

   Guil­laume a tué la jus­tice,
   Mais voici que le précipice
   S'ouvre sous son pied, Dieu mer­ci!
   Le vol­can pop­u­laire fume,
   Et c'est ton geste qui l'allume,
   Ô Muette de Por­ti­ci!

Jours fameux de Sep­tem­bre ! exploits des bar­ri­cades,
Où se mêlent, bra­vant mitrailles, fusil­lades,
   Tous les rangs et tous les dra­peaux !
A moi ! La lib­erté retrou­ve enfin son glaive !
Les temps sont révo­lus ! elle vivra le rêve
Qui lui prit tant de fois son sang et son repos.

   Pour des com­bats cent con­tre mille,
   Défer­lent du champ, de la ville,
   Ouvri­ers, nobles et bour­geois,
   Et le Parc rav­agé fris­sonne
   Quand paraît la bande wal­lonne
   Et Char­li­er, la Jambe~de~bois.

Quinze mille héros hol­landais sont en fuite !
Merode et ses huit cents leur fer­ont une suite
   A tra­vers la gloire et la mort !
Deux ou trois points d'arrêt : Vieux-Dieu, Berchem et Lierre,
Et déjà le lion rugit à la fron­tière,
Tri­om­phal et sanglant, l'oeil fixé sur le Nord !

   Et des mil­lions de voix loin­taines,
   Echos des coteaux et des plaines,
   Clameur d'un grand peu­ple indomp­té,
   Clameur de joie et de démence,
   Jail­lisse­ment d'une âme immense,
   L'acclament dans l'immensité.

Les cités, les hameaux, les vieilles citadelles,
Les clochers, les pignons, les don­jons, les tourelles,
   Orgueilleux de ces flo­raisons,
Bran­dis­sent dans le vent leurs dra­peaux tri­col­ores
Qui chantent, procla­mant les nou­velles aurores,
Chantent leur hymne alti­er à tous les hori­zons.

   L'Europe a par­lé d'équilibre:
   C'est bien, mais la Bel­gique est libre,
   Libre de suiv­re ses des­tins !
   Son esquif, armé d'endurance,
   Appareille vers l'espérance
   Des bon­heurs proches et loin­tains,

Salut, obscurs sol­dats de la lutte héroïque !
Le dernier d'entre vous, indompt­able, stoïque,
   Met sur nos fronts de la fierté !
Et c'est pourquoi vos fils seront unis quand même
Pour défendre sans fin le sanglant diadème
Qui couronne depuis cent ans la Lib­erté.

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

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Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | con­tribu­teur : Patrick Thonart.

MELAGE (09) : "La Vendée belge" (1930)

La Vendée belge

Nous n'avons pas con­nu dans notre longue his­toire
De tyrans plus abjects, d'histrions plus sanglants
Que ces fameux héros du fameux Direc­toire,
Assas­sins des pays désar­més et trem­blants !

Leur lib­erté, mégère aux men­songes canailles,
N'apporta dans les plis de ses vieux ori­peaux
Que le crime et le vol de mon­stres sans entrailles
Et l'ordure à plein jets, sur ses hon­teux dra­peaux.

Ban­dits stipendiés pour des for­faits énormes,
Habiles à piller, à créer des déserts,
Ils aimaient à souiller l'honneur des uni­formes,
De tri­om­phes sans gloire et de crimes per­vers.

Des palais somptueux, de vieilles cathé­drales
S'écroulent, menaçant leurs hum­bles défenseurs,
Et dans l'air endeuil­lé mon­tent par­mi des râles,
Les rires des soudards et des démolis­seurs.

Des cloîtres que le temps de sa gloire irradie
Jonchent de leurs débris la colline et le val ;
Leur nom rouge de sang et rouge d'incendie
N'est plus qu'un son plain­tif : Aulne, Villers, Orval.

Joy­aux de l'art, tré­sor unique des ancêtres,
Reli­quaires, émaux, chan­de­liers, osten­soirs,
Où serez~vous demain, chefs‑d'oeuvre des vieux maîtres,
Dans quels creusets loin­tains ou dans quels antres noirs !

Il faut ali­menter les sanglantes lux­u­res :
Vingt-neuf chars ont traîné l'or belge vers Paris,
Il faut ali­menter les pris­ons, les tor­tures :
Les inno­cents, traqués, ne trou­vent plus d'abris.

Il faut ali­menter la république infâme :
Vides ses mag­a­sins ! vides ses ate­liers !
Pour nour­rir ses petits qu'elle haît, qu'elle affame,
La Bel­gique offrira de rich­es rate­liers.

Il faut… Force à la loi! Mais non, c'est trop inique !
Les Belges qu'on n'a point tués, tous des con­scrits ?
Tous voués aux autels du régime cynique?
Non, non ! assez d'horreurs, de morts et de pro­scrits !

Trop de prêtres mar­tyrs pour­ris­sent à Cayenne,
Trop d'hommes sont tombés sous les balles des Bleus ;
Debout, hum­bles lut­teurs ! Une aube vendéenne
Va jeter de l'espoir sous vos ciels nébuleux !

Et voici, défer­lant des huttes et des granges,
De Mae­s­ey­ck à Tour­nai, de Ter­monde à Cler­vaux,
D'étranges révoltés, munis d'armes étranges :
Des blous­es, des sabots, des bâtons et des faulx.

Sous leur dra­peau vain­queur, la Flan­dre, la Campine
Fer­ont trem­bler les assas­sins des lib­ertés,
Et c'est dans cet enfer comme une heure divine :
0 volup­té de vivre et d'être red­outés !

Ils devront affron­ter la sci­ence et le nom­bre,
Mais les périls plus grands font les exploits plus beaux :
Le mas­sacre est au bout de la bataille som­bre,
la croix des mar­tyrs luira sur les tombeaux.

Mar­tyrs, ceux qui suiv­aient Cor­beels, Waha, Loupoigne,
Qui lut­taient en pri­ant et qui savaient mourir !
Mar­tyrs, ceux de Has­selt, de Stavelot, de Soigne,
Et ceux~là qui dis­aient : « Je ne sais pas men­tir » !

Mais le geste écla­tant des hum­bles épopées
Souf­flette le tri­om­phe igno­ble des bour­reaux,
Et les charniers sanglants faits de têtes coupées
Devi­en­nent des autels où mon­tent les héros ;

Et c'est un fier tombeau que la bruyère ardente,
Où rêve longue­ment le sou­venir béni,
Où se recueil­llerait le coeur pro­fond du Dante
En regar­dant prier l'horizon infi­ni.

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

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MELAGE (08) : "La science" (1930)

La science

Le Pays chante et bruit comme une ruche immense :
Le champ, le bois, le port, la forge, le chantier ;
Méprisant le veau d'or et sa morne opu­lence,
L'Esprit pour­suit le Vrai dans son roy­aume alti­er.

Sur son prob­lème abstrus Stévin songe en silence,
Mer­ca­tor, sous ses doigts, tient l'univers entier,
Sur les pas des anciens Juste-Lipse s'élance,
La grâce perd Baïus dans son obscur sen­tier.

Le vol de la pen­sée ardente et soli­taire,
Dans l'insondable nuit où règne le mys­tère,
Inter­roge sans fin les bornes du savoir ;

Et sur la mer d'erreur qui défer­le et qui gronde,
Lou­vain ray­onne au loin sa lumière pro­fonde,
Phare de vérité debout sous le ciel noir.

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

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MELAGE (07) : "Les Gueux" (1930)

Les Gueux

Les souf­fles de l'erreur ont semé des tem­pêtes,
Et le crime fer­mente et bout dans les cerveaux,
Et l'hérésie appelle à des bon­heurs nou­veaux
Tous les trou­peaux de gueux, tous les instincts de bêtes.

Et l'enfer déchaîné se rue à ses travaux :
L'on saccage et l'on pille, et l'on coupe des têtes,
Et pour mieux attester la beauté des con­quêtes,
Dans les tem­ples détru­its s'abreuvent les chevaux.

L'épouvante et l'horreur étreignent la Bel­gique :
Ver­ra-t-on s'allonger sur le sol catholique
L'ombre du Tac­i­turne ou l'ombre de la Croix ?

Chré­tiens, vive le Christ ! Alexan­dre Farnèse
Sous son pied tri­om­phal étouf­fa la four­naise :
Et Dieu res­ta le chef des cités et des rois !

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

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MELAGE (06) : "Les Primitifs" (1930)

Les Primitifs

Dans l'art prodigieux des vieilles cathé­drales,
Reta­bles et vit­raux, voûtes et pen­den­ti­fs,
Pâle extase des saints dans les splen­deurs flo­rales,
Tout vibre en racon­tant l'âme des Prim­i­tifs.

Mer­veilles du pinceau, den­telles sculp­turales
Tri­om­phes ruti­lants des par­adis naïfs,
Nimbes d'or couron­nant les pâmoi­sons, les râles,
Reflets divins éclos dans les drames plain­tifs !

Sur les corps décharnés la pen­sée éter­nelle
A mis, hum­ble et puis­sant, tout l'essor de son aile,
Et Dieu, dans l'oeuvre entier, s'installe comme un roi.

0 siè­cle mer­veilleux de force et de génie !
Artistes de la Flan­dre et de la Wal­lonie !
Quel fut votre secret ? – Le secret, c'est la Foi.

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

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MELAGE (05) : "La cloche du beffroi" (1930)

La cloche du beffroi

Dans l'aérienne demeure
Où rêvent les jours d'Autrefois,
La cloche qui chante et qui pleure
Eveille des mil­liers de voix :
Témoin du temps et de l'espace,
A tout ce qui naît et qui passe
Elle rend un écho pro­fond,
Car elle écoute, mater­nelle,
L'hymne de la voûte éter­nelle
Et le bruit que les hommes font.

Tous les grands remous de l'histoire
Autour du bef­froi sou­verain,
L'élan, la lutte, la vic­toire,
Dor­ment dans son âme d'airain.
Ah ! ces tri­om­phes pop­u­laires
Où dans les gloires jubi­laires
On proclame les lib­ertés !
Ah ! ces gens de Flan­dre et de Liége
Révoltés que leur prince assiège
Et sont tou­jours des révoltés !

Voici le Prince-Evêque en fuite:
Son­nez pour la rébel­lion !
L'armée étrangère est détru­ite
Cloche son­nez! Flan­dre au lion !
Demain la lib­erté sacrée
Va faire sa joyeuse entrée !
Voici la Male Saint-Mar­tin,
Voici les Matines bru­geois­es,
Voici les vic­toires bour­geois­es :
Son­nez le tri­om­phe hau­tain !

Chantez, cloche, les moissons blondes
Qui débor­dent sur les sen­tiers,
Et chantez les nefs vagabon­des
Le long des quais et des chantiers !
Les marteaux dansent sur l'enclume,
Les métiers chantent dans la brume :
Pau­vre homme en sa mai­son est roi !
Chantez pour toute la richesse,
Chantez pour toute l'allégresse,
Chantez, cloche du vieux bef­froi.

Quand les prin­cières cav­al­cades,
Ruti­lantes sous le soleil,
Sur les routes, dans les bour­gades,
Pas­saient dans un brouil­lard ver­meil.
Quand le cortège des prières
Déroulait au vent ses ban­nières,
Reine des car­il­lons joyeux,
La vieille cloche par volées,
Par delà les monts, les val­lées,
Jetait sa gloire à tous les cieux.

Oui, la cloche a chan­té les fêtes
Et tous les jours que Dieu bénit,
Mais lorsque l'ombre des défaites
ijtreignait sa tour de gran­it,
Lorsque les rageuses batailles
Fai­saient de rouges funérailles,
Lorsque les crimes,
S'ajoutaient à l'épidémie,
La cloche, douloureuse amie,
pleu­rait à longs san­glots.

Jours des sin­istres hécatombes,
Où Lié­geois, Dinan­tais, Gan­tois,
S'écroulaient sanglants dans les tombes
Tan­dis que flam­baient tous les toits !
Jours des atro­ces repré­sailles
Où le pays, jusqu'aux entrailles,
Trem­blait au seul nom des bour­reaux !
Grands d'Espagne ou ducs de Bour­gogne,
Soudards sans âme et sans ver­gogne,
0 buveurs du sang des héros !…

Vieille cloche, ô con­tem­po­raine
De tant de siè­cles révo­lus,
Dont la voix dolente et sere­ine
Fait songer des ais ver­moulus !
Vieille cloche, son­nez quand même,
Puisque c'est votre loi suprême
De par­ler de mort et d'espoir !
Vieille cloche, son­nez encore,
Puisque vous con­nûtes l'aurore
Puisque vous con­naîtrez le soir !

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

En savoir plus, sur la doc­u­men­ta…

Infos qual­ité…
Statut : validé | mode d’édition : partage, édi­tion et icono­gra­phie | con­tribu­teur : Patrick Thonart.

MELAGE (04) : "Jacques van Artevelde" (1930)

Jacques van Artevelde

Le peu­ple est un enfant dont les colères folles
Brisent pour un caprice absurde les idol­es
   Qui furent sa vie un moment.
Et l'histoire est un drame immense où l'on assiste
A l'éternel com­plot éter­nelle­ment triste
   Du crime inutile et dément.

Le masque impérieux, qu'un éclair illu­mine,
Debout dans son des­tin, le vieux Ruwaert domine
   L'horizon d'un siè­cle agité.
Son coeur était si grand qu'il con­te­nait la Flan­dre
Son des­tin fut si beau que l'on n'a pu lui ren­dre
   Jamais l'hommage mérité.

La Flan­dre se mourait: la France et l'Angleterre
Etouf­faient dans l'étau meur­tri­er de leur guerre.
   Son opu­lente activ­ité ;
Mais l'homme en qui bat­tait tout le coeur d'une race
Appuyant son génie à sa tran­quille audace
   Sau­va le peu­ple et la cité.

Il était né seigneur, mais de som­bres colères
Fer­men­taient sour­de­ment dans les flots pop­u­laires ;
   Le pays était aux abois ;
Les Leli­aerts per­daient la cause com­mu­nale,
Nev­ers la trahis­sait, la lutte était fatale :
   D'Artevelde se fit bour­geois.

Et l'on vit se dress­er, pen­nons con­tre ban­nières,
En face des métiers, les nobless­es altières :
   Sous le branle~bas des toc­sins,
Le Tri­bun entraî­na dans des luttes épiques
Les mas­sifs com­mu­niers à la fête des piques,
   Au nom de la Vierge et des Saints.

Vêtu du mail­lot rouge et du sur­cot de laine,
Il réc­on­cil­ia par le mont, par la plaine,
   Les farouch­es inim­i­tiés ;
Il cimen­ta partout les coeurs de ses mains fo r tes,
Dis­ci­plina le peu­ple et ses hum­bles cohort­es.
   Fit pleu­voir l'or sur les métiers.

L'égoïsme hau­tain, ni l'ambition vile
N'effleurèrent jamais de leur ombre servile
   La vail­lance de ses des­seins,
Mais il avait ouï dans la nuit rouge un râle :
Il se dres­sait vengeur de la terre natale,
   Héros, devant des assas­sins

Avec l'autorité superbe d'un vieux sage
Son verbe fla­gel­lait, fou­et cinglant, au vis­age
   Les tyrans de la lib­erté ;
Mais le songe pro­fond de son regard trag­ique,
Mais la force d'airain de son coeur paci­fique
   Ne con­te­naient que la bon­té.

Le pou­voir appar­tient à qui le ciel le donne,
Et les hum­bles, con­quis à ce roi sans couronne,
   Embras­saient en pleu­rant ses mains ;
Et le géant, les yeux au loin, comme un prophète,
Achevait puis­sam­ment de pouss­er à son faîte
   L'édifice des lende­mains.

Il pou­vait, d'un seul mot, sur la foule pro­fonde,
Sus­citer à son gré la tem­pête qui gronde
   Ou l'espoir qui chante et qui luit ;
Son grand geste ten­du sem­blait porter la Flan­dre:
Ceux qu'il fal­lait venger, ceux qu'il fal­lait défendre,
   Sans trêve se tour­naient vers lui.

Et c'est pourquoi dans l'ombre il ren­con­tra l'émeute :
Sub­lime comme un dieu qui méprise une meute,
   Sachant qu'il revivrait bien­tôt,
Car le crime par­tois regrette sa démence,
Car le sang pur est une gloire qui com­mence,
   Il s'écroula sous le couteau.

Or l'avenir grandit ceux que l'envie immole :
Jacques van Artevelde est beau comme un sym­bole.
   Par­mi les clochers, les bef­frois,
Debout sur les hau­teurs des luttes com­mu­nales,
Il appelle à ses pieds les gloires tri­om­phales,
   Car il fut plus grand que les rois.

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

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MELAGE (03) : "Les Croisés" (1930)

Les croisés

L'Orient est trop loin sur les routes du monde :
Nous ne ver­rons jamais les portes du Saint-Lieu.
- Mais c'est Dieu qui fait signe à l'Occident qui gronde:
   Frères, Dieu le veut! Dieu le veut !

Le soleil des déserts nous tuera de ses fièvres :
Qui calmera la soif des marcheurs aux abois ?
- Mais l'eau pure tou­jours abreuvera vos lèvres,
   Celle qui jail­lit de la Croix.

Nous tomberons là-bas par cen­taines de mille :
Les Sul­tans sont des dieux, les Turcs sont des démons.
- Mais le sang des mar­tyrs n'est jamais inutile,
   Mais la Foi trans­porte les monts !

Alors, l'épée au flanc et la croix sur l'épaule,
Un peu­ple de guer­ri­ers s'ébranla tout puis­sant,
Car ce tombeau loin­tain l'aimantait comme un pôle,
   Le tombeau cap­tif du Crois­sant.

Les tours, les minarets, à la voix des prophètes,
Se héris­saient en vain sous le choc des béliers :
Les assauts de géants étaient les rouges fêtes
   Où tri­om­phaient les cheva­liers.

Ils se jetaient bardés dans la sainte bataille,
Rail­laient les Sar­razins, provo­quaient leur fureur,
Joyeux, sous le haubert et la cotte de maille,
   D'être sans reproche et sans peur.

L'éclair des duren­dals, sans repos et sans trêve,
Fauchait les rangs paiëns comme on fauche des blés
Et les faucheurs, four­bus, ne sus­pendaient leur glaive
   Que sur les rem­parts écroulés.

Escortés de cap­tifs aux soumis­sions viles,
Ter­ri­bles, à grand coups d'estoc et d'étriers,
Ils fai­saient se courber les tentes et les villes
   Sous le pas des lourds destri­ers.

Anti­oche, Byzance, Ascalon, Tyr, Edesse,
Gloires de Mahomet, croulaient de toutes parts,
Et l'étendard du Christ, mes­sager d'allégresse,
   Fai­sait fuir tous les éten­dards.

Mais leurs chefs, Gode­froid, Bau­douin, Thier­ry d'Alsace,
Le front dans la pous­sière, implo­raient des par­dons,
Ajoutaient Dieu lui-même à l'incroyable audace
   Des lances et des espadons ;

Et lorsqu'ils tri­om­phaient dans la lutte suprême
Lorsque Jérusalem ouvrait ses portes d'or,
Ils voulaient que le Christ fût le seul diadème
   Qui nim­bât leur sanglant effort.

Ô siè­cles mer­veilleux, dont la haute épopée
Jeta de tels reflets qu'ils tra­versent les temps !
Prodigieux guer­ri­ers dont la pesante épée
   Fai­sait trem­bler tous les sul­tans !

C'est la chan­son du fer qui son­nait dans les âmes,
Et lorsque, proche ou loin, appa­rais­sait la Croix,
L'héroïsme exal­tait les hommes et les femmes :
  Mais ce temps se nomme Autre­fois.

MÉLAGE (F.). L’âme belge. Poèmes pour le cen­te­naire. Carls­bourg, Édi­tion de la revue belge de péd­a­gogie, 1930 ; in‑4, 60 pp., broché, cou­ver­ture rem­pliée. Avec les illus­tra­tions du F. Mabin-Joseph.

"F." sig­ni­fie ici "Frère" : Les Frères des Ecoles Chré­ti­ennes (au Con­go depuis 1910) comp­tait en leur rang le frère Mélage, pre­mier biographe du frère Mutien-Marie (1841–1917), canon­isé par l'église catholique (30 jan­vi­er).

En savoir plus, sur la doc­u­men­ta…

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